Retour sur la première réunion de négociation
Nous avons effectué la première réunion de négociation le jeudi 09 février 2023.
Relisez nos revendications dans cet article.
Voici notre analyse point par point.
Les chiffres
Les arguments de la Direction sur pourquoi il est "difficile" d'augmenter les salaires
Tout d’abord nous demandions des chiffres, car sans ces chiffres difficile d’échanger sur la situation concrète à Smile. Et oui, comment parler d’augmentation salariale sans savoir si on a fait un peu ou beaucoup de bénéfices.
Il nous manque encore des chiffes importants, comme le chiffre d’affaire ou les résultats 2022. Mais la Direction doit nous les transmettre.
Ils ont préféré nous donner le CJM et le TJM. Ça fait maintenant 2 ans qu’ils utilisent ces données pour parler d’économies et justifier la baisse de la participation notamment. Mais après analyses des comptes, on s’aperçoit bien vite que ce chiffres ne sont pas d’une grande utilité et que ça cache d’autres problèmes comme décrit dans cet article.
La Direction invoque aussi notre accord sur le temps de travail qui nous assure 9 RTT peu importe les années, et que cela leur coûterait environ 200k€, « et que vous comprenez on ne peut pas augmenter les salaires car ça nous ruine… «
Dans les faits, ce seuil des 9 jours est juste un plancher basique pour éviter quelques configurations de calendrier qui feraient passer à 8 jours.
Bref, nous ne nions pas ces chiffres, mais c’est surtout une manière de noyer le poisson.
L'état des chiffres de 2022
Effectif
- L’effectif total au 31/12 en 2021 était de 882 salarié·es, pour passer en 2022 à 869, soit -1,5 %.
- Homme : On passe de 658 en 2021 à 644 en 2022, soit -2,13 %
- Femme : On passe de 224 en 2021 à 225 en 2022, soit +0,45 %
- Par catégories:
- ETAM : On passe de 17 en 2021 à 13 en 2022, soit -23,5 %
- Cadre : On passe de 853 en 2021 à 846 en 2022, soit -0,8 %
- Cadre Dirigeant : On passe de 12 en 2021 à 10 en 2022, soit -20 %
Nombre d’heures supplémentaires
Le nombre d’heures supplémentaires passe de 1193 en 2021 à 1214 en 2022, soit +1,8 %. Et comparer à l’année la plus haute en 2017 où on était à 3227, cela représente -62 %.
Salaire par catégorie
Le salaire moyen de 2021, 46 381 € passe en 2022 à 47 782 € (+3 %). Mais il faut bien regarder les différentes catégories :
– ETAM : 27 806 € en moyenne en 2021, +6,14 % en 2022, soit 29 515 €, avec le salaire le plus bas à 23 k€.
– Cadre : 45 926 € en moyenne en 2021, +3 % en 2022, soit 47 304 €, avec des salaires compris entre 28 k€ et 115 k€.
– Cadre Dirigeant : 105 065 € en moyenne en 2021, +6,58 % en 2022, soit 111 979 €, avec le salaire le plus haut à 145 k€.
Salaire par genre
- La moyenne des salaires des Hommes : 46 826 € en 2021, +3,55 % en 2022, soit 48 490 €.
- La moyenne des salaires des Femmes : 45 075 € en 2021, +1,51 % en 2022, soit 45 755 €.
On passe donc de 3,81 % d’écart salarial entre les Hommes et les Femmes en 2021 (1 751 €) à 5,80 % en 2022 (2 735 €). On n’y est pas du tout là ! Où sont passés les engagements de réduction d’écart salarial !?
Prime variable
- 35 % des salarié·es ont un variable à Smile.
- On passe de 1 566 990 € en 2021 à 1 682 682 € en 2022, soit +7,38 %.
La CGT n’est pas favorable au variable, mais bien à des augmentations du fixe. Car, comme son nom l’indique, le variable peut disparaître comme cela à été le cas lors du covid.
Autre avantages
Ces avantage comprennent les primes d’astreinte, les primes de cooptation ainsi qui les dépassements de prime de performances.
– On passe de 311 463 € en 2021 à 310 361 € en 2022, soit -0,35 %.
Augmentations
Pour rappel voici les moyennes d’augmentations des années précédentes :
- 2017 : +4,11 %
- 2018 : +4,50 %
- 2019 : +4,65 %
- 2020 : +3,60 %
- 2021 : +2,60 %
Sur 2022 la modalité de calcul étant différente nous n’utiliserons pas le chiffe qui n’est pas comparable.
Si vous souhaitez avoir plus de détails sur ces chiffres n’hésitez pas à prendre contact avec nous. Nous n’avons pas exposé toutes les années et données.
Les réponses à nos propositions
Augmentation collective
Nous demandions une augmentation collective tout simplement pour compenser l’inflation qui est de +5,9 % en 2022, soit 4150 € par salarié·es. La base.
La Direction refuse toujours toute augmentation collective et considère que 4150 € ce n’est pas envisageable économiquement.
Concrètement cela veut dire que la Direction valide de faire baisser le niveau de vie de ses salarié·es en ne compensant pas l’inflation.
L’enveloppe totale de 3,4 M€ ne nous semble pas infaisable puisque rien que le report à nouveau de 2020 était de 4,351 M€ sans compter les autres résultats (~+1,5 M€). (Nous ne prenons pas le report à nouveau de 2021 car il est exceptionnel du fait du rachat de Alterway, donc pas significatif en l’état).
De plus, il est de la responsabilité des propriétaires de la société d’assurer un maintien du niveau des salaires malgré l’inflation. Car acheter une société ce n’est pas juste en profiter quand tout va bien, mais aussi investir dedans quand ça va un peu moins bien. Pas d’entreprise sans salariés qui produisent de la valeur, et les actionnaires doivent assumer autant les recettes que les salaires.
Donc oui, nous demandons à l’actionnariat de mettre la main à la poches et d’assumer leur rôle en débloquant une enveloppe pour maintenir les salaires !
Augmentation individuelle
Nous proposions une enveloppe d’augmentation individuelle basée sur 3 % de la masse salariale.
La Direction a indiqué qu’elle était d’accord avec notre proposition de 3 %.
Or nous, nous ne sommes pas du tout d’accord ! Car les 3 % c’est avec l’augmentation collective. Donc en refusant cette augmentation collective, il faut bien évidemment réévaluer cette enveloppe.
Voici donc ce qui devrait être notre proposition si l’augmentation collective n’est plus à l’ordre du jour (nous la maintenons évidemment) :
3 % de la masse salariale fait 1,3 M€, plus la compensation de l’inflation, donc 3,4 M€, soit un total de 4,7 M€. (~11 % recalculé de la masse salariale).
Ce qui est largement faisable avec le report à nouveau et la récupération de la valeur ajoutée sur la baisse du versement des dividendes aux propriétaires de la société.
Dette de Smile France reprise par Smile Group
Suite au travail fait par les Élus du CSE et le cabinet d’expertise comptable comme déjà présenté, nous demandions à ce que la dette portée par Smile France soit entièrement reprise par la holding Smile Group.
La Direction a contourné le point et n’a pas donné sa position sur ce point. Or il est essentiel. On parle d’endetter de plusieurs dizaine de millions d’euros Smile France pour générer un résultat fiscal négatif, pour qu’au final plusieurs millions de dividendes soient remontés à la holding. Ce n’est pas possible !
Nous maintenons cette revendication.
Accord de participation dérogatoire
Nous demandions la mise en place d’un accord dérogatoire permettant de prendre en compte le résultat net comptable de l’entreprise comme base de calcul plutôt que la résultat fiscal.
Idem, pas de position claire de la Direction, qui contourne le sujet.
Répartition de la prime de participation
Nous prônons une répartition égalitaire du travail effectué collectivement.
La Direction ne répond jamais à ce point. Cela fait plusieurs années que nous nous heurtons à un mur alors que la demande n’est que de bon sens.
Mise en place d’une prime d’intéressement
Nous demandions à ce qu’une prime d’intéressement soit indexée sur la performance de l’entreprise, tout comme les propriétaires de Smile. Puisque c’est nous qui produisons, c’est tout à fait normal que l’on en ait aussi le fruit de travail. Et non pas seulement un actionnaire qui n’a probablement jamais mis les pieds dans les différents lieux de production.
La Direction ne répond pas à notre proposition mis à part toujours avec le même argument de CJM vs TJM…
Paie sur 12 mois
On demande, comme c’était l’engagement il y a plusieurs années de ça de passer le 13 ème mois divisé en 12, en une paie sur 12 mois.
La Direction indique que c’est compliqué… Ça fait 3 ans que c’est demandé, ils ont eu le temps de s’y pencher. On ne va pas indéfiniment revenir chaque année et repartir comme si c’était la première fois que nous en parlions.
Il faut faire ce changement dès maintenant !
Ticket Restaurant
On a gardé le meilleur pour la fin, accrochez vous bien !
Notre proposition consistait à monter le ticket restaurant de 8,50 € à 9 €, et la part patronale de 55 % à 60 %.
La Direction nous indique être favorable à passe à 9 €, mais en baissant la part patronale à 50 %.
Comme nous aimons bien vérifier ce que ça fait, voici le résultat :
- Avant:
- Part patronale : 4,68 €
- Part salariale : 3,83 €
- Après:
- Part patronale : 4,50 €
- Part salariale : 4,50 €
Avec la proposition de la Direction Smile économiserait 18 centimes alors que nous payerons 67 centimes en plus !
Soit ils espèrent faire des économies sur notre dos en pensant que les salariés ne verraient pas l’entourloupe, soit ils n’ont pas fait le calcul. Bref c’est soit du foutage de gueule, soit de l’incompétence.
Dans tous les cas c’est simplement honteux !
La proposition de la Direction
Enveloppe égalité professionnelle
Cette fois ci c’est une proposition de la Direction de prévoir une enveloppe de 63 k€ pour résorber les inégalités. C’est ce que nous demandions lors de la négociation sur l’égalité professionnelle qui nous avait été refusée. On pourrait dire que c’est un bon début, mais…
Vous aurez remarqué avec les chiffres présentés au dessus que la différence de salaire entre les hommes et les femmes s’aggrave. Elle passe en moyenne de 1 751 € en 2021 à 2735 € en 2022.
Ici l’enveloppe présentée est de 63 k€, soit 280 € en moyenne par salariée. On est très très loin des +1 000 € qui sont apparus !
Ce n’est pas suffisant. Il faut une enveloppe à minima de 221 400 € si on veut être cohérent.
De plus la clé de répartition n’est pas précisée. Pour nous c’est une proposition faite à la va-vite et peu sérieuse.
Exprimez-vous
Donnez votre avis sur ces différentes propositions de la Direction, afin que l’on puisse porter votre voix.
Bonjour,
La Direction souhaite préciser que l’interprétation donnée sur les différences de salaire entre les hommes et les femmes et erronée: en effet, comme cela a été précisé en réunion, les chiffres donnés ne permettent pas la comparaison en l’état. Il faut faire une analyse plus poussée, comme cela est fait notamment en commission égalité professionnelle, pour voir d’éventuels écarts apparaître.
En effet on ne saurait parler d’écart salarial si on compare des postes, expériences, etc. différents.
Par ailleurs, l’index égalité femmes-hommes, publié sur le site internet de Smile, et qui sera également communiqué au CSE, confirme que Smile accorde une grande importance à l’égalité professionnelle puisque nous avons obtenu la note de 89/100.
Enfin, nous avons bien précisé en réunion qu’en cas de signature d’un accord, nous pourrions discuter ensemble de la clé de répartition de cette enveloppe.